jeudi 5 décembre 2013

Nouvel article de Muriel Salmona sélectionné dans le Plus du Nouvel Obs ;Petite fille noyée à Berck : la maltraitance des enfants reste trop sovent sous-estimée, 5 décembre 2013









LE PLUS. Infanticide à Berk-sur-Mer, meurtre de Fiona... Les violences sur enfants font ces temps-ci tristement l'actualité. Faits-divers exceptionnels ou représentatifs d'un vrai problème de société ? La lutte contre la maltraitance des enfants doit-elle être déclarée grande cause nationale 2014, comme le défend le sénateur PS André Vallini ? Pour la psychiatre Muriel Salmona, c'est indéniablement une priorité.


Muriel Salmona, psychiatre, présidente de l'association Mémoire Traumatique et Victimologie ,

édité par   Mélissa Bounoua

 Auteur parrainé par Elsa Vigoureux le 5 décembre 2013


Alors que le sénateur PS André Vallini a rendu public les premiers signataires d’un appel qu'il a lancé au Premier ministre pour que la lutte contre la maltraitance des enfants (c’est-à-dire les violences que subissent les enfants pendant qu'ils sont sous la garde de leurs parents ou de leurs représentants légaux ou de toute personne à qui ils sont confié) soit déclarée Grande cause nationale en 2014, une actualité récente nous confronte avec des maltraitances et des meurtres d’enfants commis par leur parent particulièrement impensables : la petite Fiona, le bébé trouvé dans un coffre de voiture, le petit garçon de 4 ans tué par son père à Toulouse, et ces derniers jours Adélaïde la petite fille de 15 mois noyée par sa mère à Berck.

S’agit-il de faits exceptionnels ou bien de l’infime partie visible d’un problème majeur de notre société ?

De toutes les violences, les violences faites aux enfants qui ont majoritairement lieu dans la famille restent encore les plus cachées, les plus sous-estimées et les moins dénoncées.

Des enfants seuls face aux violences

Chaque année, souvent dès leurs premiers jours, des centaines de milliers d’enfants subissent dans un silence assourdissant les pires violences psychologiques, physiques et sexuelles, ainsi que de graves négligences au sein même des lieux où ils devraient être les plus protégés : jusqu’à 16% des enfants subissent des violences physiques et 10% des négligences graves, de 15 à 20% des enfants ont subi des violences sexuelles, et près de 60% des viols sont commis sur des mineurs (avec pour les violences sexuelles 3 fois plus de filles que de garçons).

Chaque année, des enfants meurent des suites de ces violences (au moins 80 homicides répertoriés par le ministère de l’Intérieur). Bien plus certainement, nous dit la chercheuse Anne Tursz [1], qui constate que la mortalité en France avant l’âge de un an diminue régulièrement, mais reste toutefois importante (3393 cas en 2000) et plus élevée qu’à tous les autres âges de l’enfance. Et qui considère, après enquête, qu’environ 1/4 des morts de "causes inconnues ou non précisées" et 1/3 des morts "accidentelles" répertoriées par le Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès de l’Inserm, sont des morts suspectes ou violentes. Les trois quarts de ces décès suspects ou violents relèvent de deux causes : le "syndrome du bébé secoué" et la mort à la naissance par asphyxie, noyade ou abandon sans soins.

Chaque année des enfants vont devoir survivre seuls face aux violences au jour le jour, sans protection, et avec des traumatismes psychiques graves qui vont générer une très grand souffrance et impacter lourdement leur santé, leur scolarité et leur vie sociale, sans soin.

Pourtant, la Convention internationale des droits de l'enfant, dont nous avons fêté le 20 novembre 2013 le 24e anniversaire, a été ratifiée par la France en 2001, et son article 19 oblige les États à prendre toutes les mesures législatives, administratives, sociales et éducatives appropriées pour protéger l'enfant contre toute forme de maltraitance.

Mais le système de protection de l’enfance en France peine à remplir sa mission.

La France n’a toujours pas légiféré pour prohiber totalement les châtiments corporels et la violence psychologique sur les enfants par la famille, alors que 33 pays dont 22 européens l’ont fait, à la suite de la Suède depuis 1979.

Les protéger doit être une priorité

Briser cette loi du silence, ce déni et cette tolérance qui pèsent sur ces violences et informer sans relâche sur leur réalité pour mieux repérer et protéger ces enfants en danger est une première raison majeure pour que la lutte contre la maltraitance des enfants soit déclarée grande cause nationale 2014.

En voilà quatre autres  : … LIRE LA SUITE ICI




1 commentaire:

Laurence a dit…

Je suis tombée par hasard sur votre article et je suis surprise et heureuse d'en lire le contenu. La maltraitance physique et psychique faite aux enfants par leurs parents est un sujet tabou dont on parle peu. Les travaux d'Alice Miller, dont vous citez certains livres, sont exemplaires et devraient être portés à la connaissance de tous. Aux victimes d'abord, devenus adultes et se demandant d'où viennent leur dysfonctionnement, aux médecins, à toutes les personnes travaillant dans l'assistanat social, aux psychothérapeutes, aux juges etc. De quoi a peur la société française en protégeant les parents ?... Il faut que ça change.
Laurence