mardi 24 septembre 2013

Nouvel article de Muriel Salmona sur le Tumblr "Je connais un violeur" sélectionné par Le Plus du Nouvel Obs 25/09/2013





C’est une façon de se libérer de la colonisation psychique opérée par l’agresseur pour rendre la victime coupable.

Muriel Salmona, psychiatre, présidente de l'association Mémoire Traumatique et Victimologie ,

édité par  Daphnée Leportois   Auteur parrainé par Elsa Vigoureux le 24 septembre 2013




LE PLUS. "Je connais un violeur" est un Tumblr qui cherche à briser "l'image du violeur psychopathe vivant en marge de la société". En appelant aux témoignages, son auteur permet de rappeler que dans deux tiers des cas l'agresseur est un ami ou un proche, quelqu'un connu de la victime. Pour Muriel Salmona, psychiatre spécialisée dans la prise en charge des victimes, cette initiative est plus qu'utile.



Le Tumblr "Je connais un violeur", lancé le 30 août 2013 par Pauline, une jeune femme militante d’Osez le féminisme, propose à des victimes de témoigner anonymement en décrivant le portrait du (ou des) violeur(s) qui les a agressées : "Ils étaient nos amis, nos partenaires, des membres de notre famille ou de notre entourage. Nous connaissons des violeurs : laissez-nous vous les présenter."

C’est pour briser la loi du silence et le déni entourant les victimes de viol, et déconstruire les fausses représentations sur le viol et les violeurs (un viol avec un agresseur inconnu, issu d’un milieu social défavorisé, de nuit sur la voie publique ou dans un parking, sur une femme adulte sexuellement désirable, d’une réputation irréprochable, censée s’être débattue et avoir porté plainte aussitôt) que Pauline a mis en ligne ce Tumblr. Et c’est réussi.

Les témoignages affluent par centaines, près de 800 histoires bouleversantes qui montrent, conformément à de nombreuses études, que le viol n’est pas le fait divers exceptionnel que beaucoup préfèrent imaginer, mais une réalité de tous les jours, massive, commise essentiellement par des hommes, de tous les milieux sociaux, le plus souvent des proches, des membres de la famille, des conjoints, sur des victimes de tous les âges, essentiellement des femmes, dont beaucoup étaient des enfants lors de ces viols, et le plus souvent à leur domicile.

Et, au travers de tous ces témoignages, de tous ces portraits de violeurs, la réalité du viol se dessine, devient palpable, incontournable. 


Se reconnaître comme victime

La raison de ce succès ? Avant tout parce que l’anonymat donne à des femmes et des hommes une occasion inespérée de parler enfin, et de se reconnaître symboliquement comme victime, ce qui est réparateur.

Et c’est également une occasion unique de partager leur expérience avec d’autres victimes, de s’apercevoir qu’elles ne sont pas seules à avoir subi ces violences incompréhensibles, présentées par le violeur comme une exception arrivée par leur faute, et de découvrir que tous les autres violeurs avaient exactement les mêmes stratégies de prédation, les mêmes mises en scènes et propos culpabilisants. Ce partage est en soi déjà thérapeutique,
c'est d'ailleurs un des principe des groupes de parole de victimes.

De même, quel soulagement pour ces victimes de savoir qu’elles ne sont pas les seules à n’avoir pas pu crier, se débattre, ni dire non ; qu’elles ne sont pas les seules à en souffrir des années après, à ne pas pouvoir tourner la page, à avoir de nombreux symptômes handicapants ; qu’elles ne sont pas seules à n’avoir pas pu en parler, ni à porter plainte ; qu’elles ne sont pas seules à être confrontées à l’incrédulité de leurs entourage, à ne pas être crues, à être maltraitées, mises en cause, à avoir tout oublié pendant des années, à avoir des doutes, à se sentir abandonnée, rejetée, incomprise…

Et l’originalité et la force de ce Tumblr est de mettre le focus sur le violeur, sur son intentionnalité, sa stratégie, sa volonté destructrice, voire sa préméditation. C’est une façon de se libérer de la colonisation psychique opérée par l’agresseur pour rendre la victime coupable, d’échapper à des doutes taraudants et des interrogations sans fin, de remettre le monde à l’endroit :

"Il n’avait pas le droit de me faire ça, rien de ce que j’ai fait ou pas fait ne peut justifier ce crime, tout était mis en place pour que je ne puisse pas lui échapper, pour que je me sente en faute, responsable, c’est lui qui a tout fait pour me terroriser, me sidérer, me traumatiser durablement et me réduire au silence."

Décrypter et analyser les stratégies des agresseurs et leur mode opératoire est essentiel pour remettre du sens, sortir de la sidération, et comprendre ses réactions et ses souffrances comme des conséquences logiques de ce qu’a voulu mettre en place l’agresseur. De plus, découvrir les même mises en scène décrites par d’autres victimes avec d’autres violeurs est bien plus efficace pour dénoncer et identifier les violences et les mensonges que l’on a soi-même subis. Un dépôt de plainte peut en être facilité, quand c’est encore possible par rapport à la prescription (le délai de prescription est de 10 ans après les faits pour les majeurs et de 20 ans après la majorité pour les mineurs).

Réalité crue du viol

Et, de témoignages en témoignages, c’est toute la réalité crue du viol qui apparaît, et c’est salutaire. Certes, en 2013, tout le monde s’accorde sur le fait que subir un viol est grave et traumatisant, et qu’il représente une atteinte aux droits, à la dignité et à l’intégrité physique et psychique des victimes. (…)

Pour lire la suite cliquez ICI

mardi 17 septembre 2013

communiqué de presse de l'association Mémoire Traumatique et Victimologie : Vivement le dépôt de proposition de loi abolitionniste !


COMMUNIQUE DE PRESSE
Vivement le dépôt de proposition de loi abolitionniste !


Ce mardi, la députée Maud Olivier et Catherine Coutelle présentent au groupe parlementaire PS le rapport sur sa proposition de loi pour l'abolition du système prostitueur. Ce rapport préconise de sanctionner le recours à la prostitution et d’abroger le délit de racolage à l’encontre des prostituées. Il propose. Deux ans après le précédent rapport des député-e-s Danielle Bousquet et Guy Geoffroy en 2011 et ses 30 propositions (rapport pour lequel nous avions été auditionnées sur les conséquences de la prostitution sur sur la santé des prostituées) qui proposait de sanctionner les clients de six mois d'emprisonnement et 3.000 euros d'amende, ce nouveau document préconise une sanction plus progressive : avoir recours à une prostituée serait passible d'une contravention de 5e classe (punie par une amende de 1.500 euros maximum), mais la récidive constituerait un délit puni de six mois d'emprisonnement et 7.500 euros d'amende. Si ce projet de loi est retenu, il sera déposé à l'Assemblée Nationale et les débats pourront commencer. Notre association Mémoire Traumatique et Victimologie encourage les parlementaires à soutenir cette proposition de loi historique et attend avec une vive impatience son dépôt effectif.
La position abolitionniste de la France a été réaffirmée à l’Assemblée Nationale en 2011, ancrant définitivement la prostitution dans le champ des violences faites aux femmes. Pourtant si le viol, les agressions sexuelles et le harcèlement sexuel sont pénalisés, imposer un rapport sexuel par l’argent reste impuni. A l’inverse, ce sont les personnes prostituées qui sont aujourd’hui encore pénalisées. Une loi qui inclurait l’interdiction d’achat d’acte sexuel, l’abrogation du délit de racolage et des mesures d’alternatives à la prostitution permettrait d’en finir avec cette contradiction. Elle positionnerait la France enfin clairement du côté des personnes prostituées.
Cette proposition de loi constitue également une occasion historique pour la France de renouer avec sa tradition humaniste. Vouloir abolir le système prostitueur c’est laisser dernière nous cet archaïsme machiste, c’est se positionner contre les violences et l’atteinte à la dignité humaine. Après avoir été le pays des droits de l’homme, la France pourrait rejoindre le peloton de tête des pays précurseurs en matière de droits des femmes.
Mémoire Traumatique et Victimologie est résolument abolitionniste et fait partie du collectif Abolition 2012. Nous serons par la suite attentives à ce que la proposition de loi inclue :
·        La protection des personnes prostituées :
  • La suppression de toute forme de répression à leur encontre, une réelle protection et le respect de leurs droits à la justice et à des réparations par rapport aux nombreuses violences physiques et sexuelles qu’elles ont subi pendant la situation prostitutionnelle,
  • La mise en place d’un plan national d’envergure d’alternatives à la prostitution avec des moyens conséquents,
  • La régularisation immédiate de toutes les personnes victimes de la prostitution
  • La prise en compte de l’impact psychotraumatique des violences subies avant et pendant la situation prostitutionnelle et de leurs conséquences sur la santé avec un accès à des soins adaptés, sans frais par des professionnels de la santé formés et compétents
·        La fin de l’impunité des clients prostitueurs :
  • L’interdiction de l’achat d’un acte sexuel dans le code pénal,
  • Le renforcement de moyens visant à la prévention et à l’éducation à l’égalité
Le renforcement des moyens effectifs de lutte contre toutes les formes de proxénétisme et l’accès à une réparation intégrale du préjudice subi par ses victimes.


Pour en savoir plus : 

Le rapport de la mission d’information sur la prostitution de 2011 :

des articles :
Pour mieux penser la prostitution : quelques outils et quelques chiffres qui peuvent être utiles… de Muriel Salmona
le texte d’une intervention de Muriel Salmona:
Le système prostitueur : une violence archaïque du 8 octobre à Villeurbanne organisé par Regards de Femmes : "Des violences dissociantes, avant, pendant et après la situation prostitutionnelle "

Prostitution : l'abolition est la seule solution (ou l'impasse du réglementarisme) de Sandrine Goldschmidthttp://www.slate.fr/tribune/69153/prostitution-abolition-impasse-reglementarisme

Abolitionnistes du système prostitueur : ce que nous sommes, ce que nous voulons ! du collectif Abolition 2012

Lutte contre le système prostitueur : il faut pénaliser le client ! de Sandrine Goldschmidt

lundi 16 septembre 2013

Présentation, programme et argumentaire du COLLOQUE VIOLENCES ET SOINS : SOINS DES VICTIMES/VICTIMES DES SOINS du 5/11/2013 de l'association Mémoire Traumatique et Victimologie à Bourg la Reine 92340


 l’Association Mémoire Traumatique et Victimologie avec le soutien de la mairie de Bourg la Reine a le plaisir de vous inviter à son deuxième colloque :

 VIOLENCES ET SOINS : 
SOINS DES VICTIMES/VICTIMES DES SOINS

le 5 novembre 2013 de 9h à 18h
à l’Agoreine : 63 boulevard du Marechal Joffre, 92340 Bourg la Reine,
Colloque ouvert à toutes et tous, participation libre et réservation obligatoire par mail : colloque.violencesetsoins@gmail.com





PROGRAMME

Téléchargeable en PDF sur le site  ICI








Ce colloque est organisé dans le cadre de la campagne et du Manifeste Violences et Soins de l’association, il a pour but :

  • de faire un état des lieux sur la réalité des violences et de leurs conséquences sur la santé, et sur l’abandon où sont laissées la grande majorité des victimes, particulièrement les femmes victimes de violences sexuelles et de violences domestiques, les enfants, les personnes handicapées, les personnes âgées, et toutes les personnes en situation de vulnérabilité et de discrimination…

  • de dénoncer le manque d’offre de soins spécialisés par des professionnels formés, ce qui représente un scandale de santé publique et une atteinte aux droits des victimes, 

  • de donner la parole aux victimes pour témoigner de leurs difficultés et des violences qu’elles ont subies tout au long de leur parcours de soin,

  • de proposer des pistes pour améliorer la qualité des soins et la formation des professionnels de la santé, pour "faire en sorte qu’une victime de violences puisse s’inscrire, rapidement et sans frais, dans un protocole de soins établi selon les règles de l’art." (comme Mme Najat Vallaud Belkacem, ministre des Droits des femmes vient de l'annoncer le 3 septembre 2013 lors du colloque violences faites aux femmes : soins aux victimes, prise en charge des auteurs), 

  • de mieux informer le grand public sur les mécanismes et les conséquences psychotraumatiques des violences

  • et enfin de faire des propositions afin d’élaborer une véritable éthique des soins à apporter aux victimes.


Avec cette rencontre publique ouverte à tous et ayant reçu le soutien de la mairie de Bourg la Reine, l’association Mémoire traumatique et victimologie souhaite favoriser une prise de conscience plus large parmi les politiques, les professionnels et tous les citoyens, pour une meilleure implication de chacun dans ce véritable problème de santé publique. 

La journée sera présidée par le prof Louis Crocq, médecin général des armées, créateur des cellules d’urgence médoco-psychologiques qui fera en ouverture l’historique de la prise en charge des victimes, et elle sera animée par Sandrine Goldschmidt de Femmes en Résistance. 

Et les personnes sourdes ou malentendantes pourront bénéficier d’une traductrice en langue des signes.

Le spectacle «Pour le dire» de Camille Guillon Courtin par la compagnie Théâtre en action introduira l’après-midi. (Pour en savoir plus sur le spectacle cliquez ICI )

Tout au long du colloque seront diffusés des témoignages et des poèmes de victimes (sur leur parcours de soins et/ou les violences subies lors de soins), et seront exposées des photographies de la campagne Pas de Justice Pas de Paix d’Hélène Epaud, des dessins de Laure Salmona sur l’hystérie (premier prix de dessin David-Weill), des panneaux sur les trois BD «En chemin elle rencontre…» co-éditées par Amnesty International et Des ronds dans l’O ; des documents, des plaquettes, des affiches seront à disposition ainsi qu’une librairie.

avec la participation : de Madame la ministre des Droits des Femmes  Najat Vallaud Belkacem (en fonction des possibilités de son agenda), de Mme Ernestine Ronai de la Miprof, coordinatrice nationale violences faites aux femmes et responsable de l’Observatoire des violences envers les femmes du 93, des associations : AVFT (Marilyn Baldeck), FDFA (Maudy Piot), du collectif abolition 2012, des adoptés en colère (Lorenzzo)

de médecins et de thérapeutes impliqués dans le soins aux victimes de violences : Sokhna Fall, Solange Harleaux, Gilles Lazimi, Jean-Claude Monfort, Hélène Romano, Muriel Salmona, Judith Trinquart, et des avocates Dominique Attias, Isabelle Steyer et  et Isabelle Thieuleux.

À l’occasion de ce colloque l’association présentera :
  • la campagne et le manifeste Violences et Soins (pour que les victimes de violences reçoivent des soins appropriés et que leurs droits soient respectés).
  • les incontournables de la prise en charge des victimes de violences
Et lancera un cahier de doléances sur la protection de l’enfance.

L'inscription est gratuite. Elle se fait par un mail adressé à  colloque.violencesetsoins@gmail.com (éviter les mails envoyés à d'autres adresses ou à Muriel Salmona, ils risquent de ne pas être pris en compte) contenant en clair le nom et le prénom de la personne qui désire s'inscrire. Merci de renvoyer ces renseignements indispensables si votre adresse mail ne contient pas clairement votre identité. Nous souhaitons recevoir une seule inscription par adresse mail (nous ne pouvons inscrire les amis, collègues ou parents d'un participant sans leur identité et un mail de contact).

À l’occasion de votre inscription vous pouvez nous poser les questions que vous voudriez voir abordées lors du colloque (en n’excédant pas 10 lignes, à envoyer par mail : colloque.violencesetsoins@gmail.com)

Chaque participant devra organiser son repas de midi, le déjeuner ne faisant pas partie de l'organisation du colloque.

Lors du colloque, une attestation de présence sera remise aux participants qui le souhaitent.


PRÉ-PROGRAMME DU COLLOQUE 

VIOLENCES ET SOINS : 
SOINS DES VICTIMES/VICTIMES DES SOINS



MATINÉE

ACCUEIL de 8H30 à 9h avec collation, diaporama, exposition

OUVERTURE DU COLLOQUE de 9h à 9h30
avec M. le prof. Louis Crocq, médecin général des Armées  qui présidera le colloque et fera l’historique de la prise en charge des victimes

ÉTAT DES LIEUX de 9h30 à 10 h
Actualités des connaissances sur les conséquences psychotraumatiques des violences sur la santé, et de leur prise en charge avec la Dre Muriel Salmona

LES ÉTERNELLES OUBLIÉES : comment les soigner ? de 10h à 12h30

  • Les femmes victimes de violences domestiques et/ou de violences sexuelles (dont les femmes enceintes, femmes âgées, femmes prostituées, femmes SDF,…) avec les Dr-e-s Jean-Claude Monfort (psycho-gériatre), Muriel Salmona (psychiatre) et Judith Trinquart (psychiatre), et maître Isabelle Thieuleux.

  • Les enfants et les adolescents victimes de maltraitance, de violence intra-familiales et/ou de violences sexuelle (dont les nourrissons, les enfants placés, adoptés, les enfants  exposés aux violences conjugales) avec Mesdames Hélène Romano, Sokhna Fall, Lorrenzo et maître Dominique Attias

  • Les personnes handicapées, les réfugiés et demandeurs d’asile, les personnes en situation de marginalisation victimes de maltraitances et/ou de violences sexuelles avec la Dre Solange Harleaux, Mme Maudy Piot (FDFA), M. Gandaga Haidetou 

TÉMOIGNAGES ET RÉPONSES AUX QUESTIONS de 12h30 à 12h45




DÉJEUNER LIBRE de 12h 45 à 14h15,



APRÈS-MIDI


ACCUEIL de 14h15 à 14h30 diaporama, exposition

SPECTACLE de 14h30 à 15h40
«Pour le dire» de Camille Guillon Courtin par la Compagnie Théâtre en action

VIOLENCES DANS LE CADRE DES SOINS de 15h45 à 17h
avec Mme Marilyn Baldeck (AVFT), Dre Muriel Salmona, Mesdames Sokhna Fall, Isabelle Steyer

PRÉSENTATION DES DIX INCONTOURNABLES DE LA PRISE EN CHARGE DES VICTIMES ET RÉPONSES AUX QUESTIONS

PERSPECTIVES, PISTES POUR L’AMÉLIORATION DES SOINS de 17h à 17h45
avec M. Gilles Lazimi et Mme Ernestine Ronai

DISCOURS DE CLÔTURE de Mme la ministre des Droits des femmes  Najat Vallaud Belkacem (sous réserve)


……


ARGUMENTAIRE ET MANIFESTE DU COLLOQUE
DE L’ASSOCIATION MÉMOIRE TRAUMATIQUE ET VICTIMOLOGIE
du 5 novembre 2013 à Bourg la Reine

VIOLENCES ET SOINS : 
SOINS DES VICTIMES/VICTIMES DE SOINS 



L’association Mémoire traumatique et victimologie (memoiretraumatique.org) constate depuis sa création l’insuffisante prise en compte de la réalité des violences et de leurs conséquences sur la santé des victimes. Lors de ce deuxième colloque « Soins des Victimes/Victimes des Soins» nous ferons le point sur une situation toujours alarmante, et proposerons des pistes pour améliorer l’offre et la qualité des soins sur tout le territoire.

Alors que l’impact des violences sur la santé des victimes et de ceux qui en sont témoins (comme les enfants dès leur plus jeune âge) est de mieux en mieux connu (les études internationales et l'Organisation Mondiale de la Santé en 2010 ont démontré et reconnu qu’avoir subi des violences est un des déterminants principaux de la santé), que l’on sait que les violences entraînent des atteintes cérébrales corticales et des circuits émotionnels et de la mémoire visibles sur les IRM (cf dernier article) avec la mise en place d’une mémoire traumatique, que l’efficacité des soins est démontrée, la formation initiale des professionnels de santé fait l’impasse sur la réalité, les mécanismes et les conséquences psychotraumatiques des violences.

Cette absence d’offre de soins aux victimes par des professionnels formés et compétents est une perte de chance pour elles, une atteinte à leurs droits et un scandale de santé publique comme je le dénonce dans Le livre noir des violences sexuelles (Dunod, 2013). Actuellement les victimes de violences ont une consommation de soins bien plus importante que le reste de la population en raison des conséquences des violences sur leur santé : soins en psychiatrie (troubles anxieux, dépressions, tentatives de suicide, insomnies, phobies, troubles de la mémoire, troubles alimentaires, addictions, etc.), en médecine générale (stress, douleurs et fatigue chroniques, etc.), en cardiologie, en gynéco-obstétrique, en gastroentérologie, en endocrinologie, etc., hospitalisations répétées, multiplication des arrêts de travail, mise en invalidité… Mais la cause de tous ces symptômes - les violences et leurs conséquences psychotraumatiques - n’est jamais prise en compte, ni recherchée et encore moins prise en charge. Les victimes ne reçoivent que des traitements symptomatiques ou anesthésiants (camisole chimique) et font l’objet souvent de diagnostics psychiatriques ou organiques erronés et préjudiciables. Elles ressentent qu’on les considère comme folles et pénibles. Elles peuvent parfois subir de graves maltraitances de la part de soignants. On leur renvoie que leurs plaintes somatiques et psychiques sont exagérées ou imaginaires, qu’elles en sont responsables, qu’elles sont hypochondriaques, hystériques… ou bien, à l’inverse on peut dramatiser leurs symptômes, faire des examens inutiles, les opérer à tort, les traiter pour des pathologies psychotiques, ou pour des démences si elles sont âgées. Elles se retrouvent seules, sans protection à devoir mettre en place des stratégies coûteuses et handicapantes pour gérer leur souffrance, et à subir incompréhension, jugements négatifs, marginalisation et exclusion. 

Dre Muriel Salmona, présidente de l’association Mémoire Traumatique et Victimologie, drmsalmona@gmail.com, 0632399934






MANIFESTE ET CAMPAGNE
VIOLENCES ET SOINS



PÉTITION
 à signer : ici

contre l'impunité des violences

et l'abandon que subissent les victimes : 


lance la campagne



MANIFESTE

VIOLENCES ET SOINS

pastedGraphic.pdf

Association Mémoire Traumatique et Victimologie



En France, en 2013, l'absence de dépistage des violences, de protection des victimes et de soins spécialisés sont à l'origine d'un coût humain énorme et d'un coût très important en dépenses de santé et en aides sociales qui auraient pu être évités. Or Il est possible de combattre la violence, non par un tout-sécuritaire qui ne cible que certaines violences, mais par une prévention ciblée, une protection sans failles et une prise en charge spécialisée des victimes. Toute victime doit être protégée et soignée, ses droits doivent être respectés.

C'est un scandale sanitaire, social et humain : où comment toute une société abandonne les victimes de violence, sans protection ni soin, et fabrique sans fin des souffrances, des maladies, de l'exclusion, de l'inégalité, de l'injustice et de nouvelles violences.


C'EST POURQUOI EN TANT QU'ASSOCIATIONS, EN TANT QUE PROFESSIONNEL-LE-S DU SOINS ET DE LA PRISE EN CHARGE DES VICTIMES, EN TANT QUE VICTIMES ET PROCHES DE VICTIMES, EN TANT QUE CITOYEN-NE-S NOUS AVONS LANÇÉ UN MANIFESTE ET UNE PÉTITION QUE VOUS POUVEZ SIGNER 
ICI  https://11136.lapetition.be

MANIFESTE
VIOLENCES ET SOINS

POUR QUE LES VICTIMES DE VIOLENCES
 REÇOIVENT ENFIN DES SOINS APPROPRIÉS
ET POUR QUE LEURS DROITS SOIENT RESPECTÉS

Droit à être entendues, crues et reconnues
Droit à être secourues et protégées
Droit à être traitées avec dignité, bienveillance et attention, en respectant leurs demandes et avec leur consentement
Droit à recevoir des soins de qualité, sans frais par des professionnels compétents et formés, dans des lieux adaptés et accessibles à tous sur tout le territoire


EN 2013 CES DROITS FONDAMENTAUX NE SONT TOUJOURS PAS RESPECTÉS

AUSSI NOUS ACCUSONS

Les Politiques, les Pouvoirs Publiques, les professionnels censés prendre en charge ces victimes de violence et la société, dans leur  ensemble

D'ABANDONNER LES VICTIMES :

De ne pas les voir, de les ignorer, de ne pas les entendre, d'être dans le déni de la réalité des violences et de leurs conséquences sur la santé, de ne pas les secourir, de ne pas les protéger, de ne pas les soigner et souvent de les maltraiter.

Abandonner les victimes, être indifférent à leur sort c'est leur donner peu de valeurs 
et c'est conforter les agresseurs dans un sentiment de supériorité qui leur permet de s'octroyer le privilège d'instrumentaliser des victimes pour les soumettre et s'en servir comme esclave à leur service ou comme fusible pour s'anesthésier


DE NON ASSISTANCE À PERSONNE EN DANGER

Les violences menacent l'intégrité physique et psychique des victimes, elles peuvent représenter un risque vital (tentative d'homicide, stress extrême). Les violences sont à l'origine de graves troubles psychotraumatiques (dans 60% des cas pour les violences intra-familiales et jusqu'à plus de 80% des cas pour les violences sexuelles ) qui sont dus à des blessures neuro-psychiques que l'on peut voir sur des IRM. 

Ces blessures nécessitent des secours et des soins immédiats. Sans soins dans les 12 h qui suivent les violences, les mécanismes neuro-biologiques de sauvegarde dissociant mis en place au moment des violences pour échapper au risque vital du stress extrême (par disjonction du circuit émotionnel) vont être à l'origine d'une mémoire traumatique qui va avoir un impact très lourd sur leur santé. 

Les victimes sont alors aux prises avec une souffrance mentale maximale (en moyenne 9 sur 10 sur une échelle d'évaluation) qui s'apparente à une véritable tortue : les victimes traumatisées vont revivre de façon non contrôlée les situations de violences avec la même intensité, la même détresse, la même terreur, le même stress extrême, les mêmes douleurs, les mêmes sensations et émotions, ces réminiscences sont déclenchées par tout ce qui est susceptible de rappeler consciemment ou non les violences. 

Cette mémoire traumatique transforme leur vie en terrain miné, en une guerre permanente avec un sentiment de danger permanent et d'insécurité pendant des années, des dizaines d'années, voire toute leur vie si aucun soins approprié n'est donné. Abandonnées, les victimes de violences vont alors devoir mettre en place des stratégies de survie et d'auto-traitement très coûteuses pour leur santé et leur qualité de vie. 

Ce sont des conduites de contrôle, d'hypervigilance et d'évitement pour éviter toute explosion de leur mémoire traumatique (retrait, isolement, phobies, troubles obsessionnels compulsifs, insomnies) et des conduites dissociantes pour s'anesthésier émotionnellement si la mémoire traumatique a explosé ou si le risque est grand qu'elle explose (consommation de tabac, drogues et alcool, mise en danger et conduites à risques, anorexie-boulimie, auto-mutilations ou violences). Cette mémoire traumatique et ces stratégies de survie et d'auto-traitement sont responsables à la fois d'un état de santé dégradé (troubles mentaux, cardio-vasculaires , endocriniens, digestifs, génito-urinaires, immunologiques, infectieux, pulmonaires, etc.), de fatigue et de douleurs chroniques, de grossesses à risques, de mort précoces (accidents, suicides, maladies), de troubles cognitifs, d'échec scolaires et professionnels, de marginalisation, d'exclusion, de conduites addictives, de délinquance, avec une consommation très supérieure par rapport à la population générale de soins médicaux et d'aides sociales. Or les soins sont efficaces.

Nous rappelons que de nombreuses études scientifiques internationales, publiées depuis plusieurs années dans de grandes revue à comité de lecture, telles que celles de Felitti et Adda en 2010 (relayées par l'Organisation Mondiale de la Santé en 2010) démontrent qu'avoir subi des violences est un des déterminants principaux de l'état de santé d'une personne même 50 ans après si aucun soin n’est mis en place, et représente un des principaux facteurs de risque de présenter de nombreuses pathologies psychiatriques (troubles anxieux, dépressions, suicides, addictions, conduites à risque, troubles du sommeil, troubles alimentaires, troubles cognitifs…), cardio-vasculaires (article dans Circulation, journal de l'American Heart Association !) , pulmonaires, endocriniennes (diabète), neurologiques, maladies auto-immunes ... et de subir à nouveau des violences ou d'en commettre.

L’absence de soin aux victimes de violences est donc un véritable scandale de santé publique et représente pour elles une perte de chance de vivre en bonne santé et en sécurité. Il s'agit donc d'une grave atteinte à leurs droits. 



D'INJUSTICE


Les victimes de violence subissent des injustices en cascade : 

  • injustice d'être des victimes innocentes d'une violence aveugle, piégées dans une histoire qui ne les concerne pas ; 

  • injustice d'être victimes d'une société qui les expose doublement, d'une part en créant un contexte inégalitaire qui permet à des agresseurs d'utiliser leur position dominante pour les instrumentaliser, et d'autre part en ne mettant pas tous les moyens politiques en œuvre pour lutter contre les violences ; 

  • victimes de leur entourage qui ne veut ni voir, ni savoir, ni entendre, ni dénoncer ce qu'elles subissent dans l'intimité d'une famille, d'un couple, d'une relation ou dans l'espace clos d'un travail, d'une institution ; 

  • victimes de toute une mal-traitance commise par des professionnels censés les protéger, leur venir en aide, leur rendre justice et les soigner, qui souvent ne les croient pas, banalisent les violences et sous-estiment le danger qu'elles courent et les conséquences qu'elles subissent, par manque de formation surtout, mais aussi par négligence et manque d'empathie ; 

  • victimes de l'injustice désespérante de voir des agresseurs bénéficier dans l'immense majorité des cas d'une impunité totale, faute d'être dénoncés, d’être mis en examen, d’être déférés devant un tribunal ou d’être condamnés par une justice encore trop parasitée par de nombreuses idées reçues sur les victimes et les violences, et qui méconnaît de nombreux indices et de nombreuses preuves médicales, les agresseurs pouvant alors continuer à exercer des violences en toute tranquillité ; 

  • victimes de l'injustice d'être celles qui en fin de compte se retrouvent condamnées à souffrir, à se battre et à devoir se justifier sans cesse, à supporter mépris, critiques et jugements, à entendre des discours moralisateurs et culpabilisants pour des symptômes que personne ne pense à relier aux violences.


DE DISCRIMINATIONS


En ne luttant pas suffisamment contre toutes les inégalités et les discriminations qui rendent possibles de nombreuses violences discriminations sexistes, racistes, xénophobes, ethniques, liées à l'âge, à la grossesse, aux handicaps, à la maladie, à la pauvreté, aux convictions religieuses. Les femmes handicapées subissent trois fois plus de violences.

En ne protégeant et n'assurant pas des conditions de vie décente aux plus vulnérables et dépendants les enfants, personnes âgées et les personnes handicapées, les malades.

En tolérant des situations qui sont des atteintes graves à la dignité des personnes comme les situations d'esclavage, de grande pauvreté, en laissant des personnes vivre sans chez soi, en ne mettant pas tout en œuvre pour abolir le système prostitueur et protéger efficacement les personnes en situation prostitutionnelle et dans l’industrie pornographique.

En ne luttant pas contre les discriminations exercées sur les victimes qui sont soupçonnées a priori de mentir quand elles dénoncent les violences.



ET D'EXERCER DES VIOLENCES OU D'EN ÊTRE COMPLICE : VIOLENCES DE SOINS INAPPROPRIÉS ET VIOLENCES SOUS COUVERT DE SOINS

Les soins sont saturés de violence, au mieux il s'agit de la part des soignants de méconnaissance, de fausses représentations, au pire d'indifférence, de négligences, d'anesthésie émotionnelle, de discriminations, voire d'intention de nuire : de dominer, de manipuler ou de détruire. Et les soins sont singulièrement absents quand il s'agit de prendre en charge les victimes de violences.

Les soins s'exercent par définition sur des personnes en situation de vulnérabilité qu'elle soit ponctuelle liée à une maladie passagère, un traumatisme ou une grossesse, qu'elle soit durable liée à des maladies chroniques, à des handicaps physiques et mentaux ou à des états de grande dépendance tel que la petite enfance et le grand âge



 NOUS DEMANDONS POURQUOI

Pourquoi il n'existe pas de politique de santé qui prennent en compte l'impact de la violence sur la santé des personnes ? 
Alors qu’il s'avère que c'est un facteur de risque majeur !!!
Pourquoi il n'y a pas de formation des médecins, des psychiatres et des psychologues cliniciens à la psychotraumatologie ?
Pourquoi il n'y a pas de centre de soins spécifiques accessibles à tous sur tout le territoire ?
Pourquoi il n'y a pas de campagne d'information sur cette réalité ?


NOUS VOULONS


Une politique globale de lutte contre les violences et contre l’impunité dont bénéficient les agresseurs, avec une réelle application de la loi (en ne tolérant plus les correctionnalisation de crimes comme le viol)
une vraie politique de santé publique concernant les violences, 
une formation des professionnels de la santé,
des recommandations par l’HAS de prises en charge
 la mise en place par décret de centres de santé dédiés aux victimes de violences accessibles pour toutes les victimes de violences et proposant une prise en charge rapide et sans frais et si nécessaire anonyme par des professionnels compétents et formés dans chaque département, 
des campagnes d'information et de prévention grand public, 
la mise en place d'enquête et de recherches sur le sujet, 
la création d'un observatoire national sur l'impact des violences et la prise en charge des victimes


Personne ne doit plus se sentir coupable, ni honteux d'être victime de violences. Ce sentiment est crée de toute pièce, il s'agit d'une imposture, d'une manipulation pour mettre en place une inversion de responsabilité et un déni de justice. Cette imposture est véhiculée par une société inégalitaire qui diffuse le discours des dominants : à savoir qu'une victime se situe du côté des inférieurs, qu'elle ne vaut pas grand chose, qu'elle est nulle, faible, incapable. Et que tant pis pour elle, elle n'avait qu'à pas se laisser faire ou se laisser avoir… qu'elle y est certainement pour quelque chose !… qu'elle n'a pas fait ce qu'il fallait, ou bien qu'elle est méchante, menteuse, ou encore qu'elle n'a rien compris, que ce n'est pas si grave… Et cette imposture est confortée par le fait que les victimes sont abandonnées et jamais entendues, elles ne méritent donc pas d'être protégées et soignées, leurs paroles n'ont pas de valeur et justice n'a pas à leur être rendue.

IL FAUT ÊTRE SOLIDAIRE DES VICTIMES, ET LES SECOURIR !
LA DIGNITÉ EST DU CÔTÉ DES VICTIMES,


Contact : 

Association Mémoire Traumatique et Victimologie :
Dr Muriel Salmona, présidente de l'Association Mémoire Traumatique et Victimologie,
mail : drmsalmona@gmail.com ; tél : 06 32 39 99 34
site : http://memoiretraumatique.org/

POUR PLUS D'INFORMATIONS LIRE LE PRÉAMBULE : http://stopauxviolences.blogspot.com/2011/02/campagne-2011-de-lassociation-manifeste.html


PLUS DE 1300 SIGNATAIRES DU MANIFESTE EN OCTOBRE 2013